Mes moulins à vent

Des fois, je me prends pour Don Quichotte. Je me ruine un peu la santé à m'énerver, j'ai certainement tort de m'attaquer à de misérables personnes, mais je reste persuadée que si je ne dis rien, rien ne changera.

Comme à ce chauffeur de bus qui juge inutile de s'arreter aux quais puisqu'il n'y a pas d'handicapé (je résume)... Si je ne l'interpelle pas, aura-t-il l'opportunité de changer ?

Alors j'ai le tort de  m'énerver et ca n'avance pas à grand chose cette façon de faire (voire ça me dessert). Mais je suis déterminée à ne pas en rester là, beaucoup de chose me tiennent à coeur, encore plus maintenant alors j'ai écris :

A l'adjointe au Maire en charge du Handicap, au président de la communauté urbaine Nice Côte d'Azur (qui est aussi Maire de Nice, député et Ministre de l'Industrie), à la Haute Autorité de Lutte contre les Discréminations, au Ministre de la Solidarité, et au directeur de la société d'exploitation des bus.

On verra bien qui me repond (d'ailleurs, ca me rappelle que Notre Président, avec la crise et tout le boulot, n'a pas trouvé le temps de me répondre).

(un gros bisou "je suis désolée" à ma maman qui comprendra pourquoi)

"Je souhaitais porter à votre connaissance les évènements survenus ce jour, alors que je prenais, vers 11h, le bus de la ligne 22 avec mon fils. Je pense que vous saurez être tout particulièrement sensible à ce que je vais vous exposer.
 
J'attendais le bus à l'arrêt en face des Galeries Lafayettes, là où quelques années auparavant la Ville a engagé les fonds publics pour créer des quais surélevés afin de faciliter la montée des personnes à mobilité réduite, en application du plan de déplacement urbain tel que défini par la Loi 82-1153 du 30 décembre 1982, ainsi que du droit à l'accessibilité dans les transports en commun précisé dans la Loi 2005-102 du 11 février 2005.
 
Le bus arrivant, le chauffeur a jugé bon de ne pas s'arrêter à hauteur du quai, mais plus loin, au niveau du feu, là ou les troittoirs ont été rabaissées à l'occasion du chantier du tramway. Je vous laisse imager de la hauteur entre le sol et le plancher du bus et de juger si, dans ces conditions, une personne en fauteuil roulant, non accompagnée, peut, seule, grimper dans l'autobus...
 
Cet évèvement étant loin d'être un cas isolé, j'ai eu l'audace d'en faire la remarque au chauffeur qui m'a répondu pour sa défense qu'il ne pouvait pas s'arrêter à hauteur du quai car plusieurs bus le suivaient (et que le quai ne serait pas assez loin pour les contenir tous). J'ignore si ce sont là des consignes que recoivent les chauffeurs de la part de la Direction de Ligne d'Azur ou si c'est une "courtoisie" que le chauffeur en question a voulu rendre à ses collègues, mais le fait est que cela est au détriment des usagers, qu'ils soient valides ou non (j'étais persuadée qu'il était INTERDIT au chauffeur de faire monter ou descendre des passagers ailleurs qu'à hauteur des arrêts, et ce, pour des raisons évidentes de sécurité, de responsabilité et d'assurances).
 
Etant particulièrement sensible sur le droit des personnes handicapées à se déplacer comme tout à chacun, il va de soi que je n'ai pas su me contenter de cette réponse.  Le chauffeur m'a donc expliqué que sur le parc de Nice, seuls les autobus 9 et 10 (j'imagine qu'il s'agit des plus récents, tout simplement), sont accessibles et destinés aux handicapés, et que de toutes facons, ils avaient des notes de services leur interdisant (???) de se servir de la plateforme amovible (on se demande alors à quoi elle sert ). Et pour conclure : "de toute facons, de quoi vous vous mélez, puisque vous n'êtes pas concernée" (sic - belle mentalité...).
 
 
Je suis tout à fait consciente que le parc d'autobus de la Ville est peut-etre un peu ancien et par forcément parfaitement aux normes actuelles d'accessibilité. Cependant, avec un peu de respect et de courtoisie, ne peut-on pas contourner cette difficulté et permettre à tous de profiter des transports en commun ?
 
Par contre, je suis particulièrement surprise des justifications données par le chauffeur de l'autocar et je vous serais très obligée de vous renseigner sur la réalité de ces notes de service; si elles existent effectivement telles que l'a indiqué l'employé de Ligne d'Azur (ou a-t-il mal interprété ?), elles vont, à mon sens, à l'encontre de la Loi Handicap de 2005.
 
Certes, ce n'est pas en me battant contre des moulins à vent et en m'en prenant à de toutes petites personnes que je changerai les choses, mais je suis particulièrement désolée de l'état d'esprit de ce chauffeur qui participe à l'étrange discrétion dans notre ville des personnes handicapées... Avec une telle mentalité, il est certain que les personnes en fauteuil (ou les autres) ont peu de chance de prendre les transports en commun. Mais est-ce à elles de renoncer ou aux autres de changer ?
 
Enfin, si je peux me permettre une ultime remarque : si effectivement, seules deux lignes sont accessibles aux handicapés, ne serait-il pas plus de bon sens que d'équiper la ligne 22, qui est celle qui dessert l'hopital de l'Archet, et donc la plus "chanceuse" de recevoir un public à mobilité réduite ?
 
 
Vous remerciant par avance de votre intervention"