Deux ans plus tôt

Je ne dors pas. La grossesse sensibilise mes insomnies. Je finis la moitié d'une pink lady. J'hésite à manger le second morceau, mais non, je le garderai pour le petit-déjeuner, dans quelques heures... Je retourne me coucher. Le sommeil ne tarde pas à venir et somnolente un fluide chaud me réveille. Quelques instants, le temps de comprendre, je me lève d'un bond et réveille mon compagnon. Je perds les eaux d'un coup, on dirait une bombe à eau. Il y en a partout dans la chambre. Le futur papa emmerge et comprends vite.Je file sur la douche. Il est 4h15, le 4 juillet 2007.

"J'ai le temps de prendre  un café ?"

Il prend son café, puis une cigarette, un autre café, puis encore un, une cigarette, l'horloge tourne, je m'impatiente sur mon tabouret et lui veut absolument nettoyer le sol ! "Mais qu'est-ce que tu as fait, il y en a de partout !". Je le regarde passer la serpillière.

On arrive à la clinique, il est 5h30. Formalités administratives à l'accueil et on m'ammène faire un monitoring. Je n'ai pas encore de contractions. Je resterai là une heure, la sage-femme passe de temps en temps...

Je passerai une longue journée à attendre (et à repenser à ma demi-pomme, j'ai faim !)... Le bébé est haut, ce n'est peut-être pas pour aujourd'hui. Le gynéco est venu me voir et m'a confirmé les propos de la sage-femme. Les contractions viennent, en y repensant, ce n'était pas si douloureux, je n'ai jamais eu le ventre qui se contracte, juste des contractions dans le dos. Je n'ai pas le droit de me lever, le bébé est haut et il risque de descendre sur le cordon et de s'étouffer.

A 17h, à tout hasard, la sage-femme vérifie mon col. C'est suffisant, ouf, je peux descendre en salle de travail. Péridurale et produit pour accélérer le travail. 

S'en suit des discussions pour savoir si oui ou non mon bassin est assez grand. La sage-femme finit sa garde mais avant de partir, m'affirme que ce sera un bébé du 4 juillet.  J'ai froid, mais je n'ai plus eu mal du moment où j'ai eu la piqure.

Une autre arrive. Regards furtifs sur le monitoring. On me donne de l'oxygène. Je plane.

21h : on m'annonce que je pars en salle d'op pour une césarienne, le futur papa devra attendre dehors.

On m'attache les bras en croix, on monte l'écran, on attend le médecin qui va assisté mon gynécologue. J'ai la nausée..

"ça va, elle ne sent plus rien"... et quelques instants après j'entends le médecin dire "21h28". Guillaume est né, je ne l'ai pas entendu pleurer, je ne l'ai pas vu. Rien. "On va vous l'amener". L'infirmière revient, Guillaume emmitouflé, les bras sont attachés, je ne pourrais pas le toucher. Il est très beau. Le médecin dit "2,6 kg, et il ne passait pas". Je ne sais pas si dès les premiers instants de Guillaume, ils ont constaté quelque chose, j'ai demandé en vain le dossier médical. Il faudrait que je me déplace à la clinique, j'ai la flemme.

Pendant qu'ils me referment le ventre, les médecins discutent "petits fours". L'opération se termine, je peux déja bouger les jambes. L'anesthésiste me dit que je pourrais remonter en chambre dans une heure.

La salle de reveil est presque vide, les infirmières sont dans leur bocal. Je pleure ... la faute aux hormones? le soulagement qu'il va bien, finalement ? la peur d'un problème ? un peu tout ça, certainement. Les infirmières m'oublient. Je ne remonterai en chambre qu'à minuit et demi. Le papa de Guillaume m'attend. Mais pas de bébé. Il me dit qu'il est juste à côté,  à la pouponnière, qu'il n'ose pas y aller.

L'auxilière arrive, Guillaume dans les bras. Il pleure, il a faim. J'essaie de lui donner le sein, en vain, il s'étouffe. Elle me le laisse un peu, il se calme dans mes bras. Puis le papa part dormir, Guillaume repart avec l'auxiliaire à la pouponnière, nous ferons connaissance le lendemain.

Voici la toute première vidéo de Guillaume, il a tout juste quelques heures. C'est drôle, il a quelques attitudes qu'il a conservé aujourd'hui encore.

Si vous tendez l'oreille (et que vous mettez le son à fond) vous entendrez, derrière le bruit de la télé, le stridor de Guillaume quand il respire, parfois.

(merci Picassaweb. Quelques photos ont été sauvegardées !)