La boite de Pandore (Naitre ou ne pas naitre)

(Ce billet fait suite à celui-ci, écrit juste après le visionnage du reportage "Naitre ou ne pas naitre" d'E. Lemasson diffusé sur France 5 en mars dernier- hélas pas disponible en VOD, mais vous pouvez déjà lire ces extraits de témoignages)

 

 

J'ai beaucoup réfléchi à  la façon d'aborder le sujet de l'IMG, et j'ai beaucoup hésité sur le mots à employer pour ne pas blesser ni ceux qui avaient été confronté à ce choix. D'un autre coté, c'est tellement difficile d'être consensuel face à un tel problème éthique !

Ce matin, j'ai regardé le reportage "Consultation in utero" qui aborde la même problèmatique (vous pouvez le voir jusqu'à vendredi prochain en catch-up tv sur Arte+7).

 

Et j'ai compris que je serai incapable d'en parler, tellement ce sujet me dépasse.

 

Pourtant j'aurai voulu parler de ma propre reflexion quand j'étais enceinte de Marie-Lou.

 

J'aurai voulu évoquer, pour reprendre les termes du professeur dans Naitre ou ne pas naitre, le projet eugénique que constitue le dépistage systématique de la trisomie 21.

 

J'aurai voulu souligner les propos de ce médecin dans le reportage "Consultations in Utero", quand elle évoque l'étude entre les cas d'enfants en insuffisance rénale. Au Bresil, (l'img est beaucoup plus strict), leur état, dans l'ensemble, est moins préoccupant que les pronostics qui ont amené au choix de l'IMG en France.

 

J'aurai voulu reprendre ces mots de ce medecin, une médecine qui tue pour mieux en soigner d'autres.

 

Evoquer cette limite que l'on pose en France, où le foetus ne devient un humain qu'a compter du moment de la naissance.

 

 

Evoquer aussi, comme cela est si bien retransmis dans le reportage "naitre ou ne pas naitre", qu'un foetus, du moment qu'il est désiré, est, dans l'esprit de ses parents, un enfant, leur bébé, très vite, parfois même dès que le test affiche le "+". Et que oui, c'est d'une violence extrème ce choix qu'on leur demande de faire. Après tout, avant c'était plus simple, on acceptait la "roulette russe" de la grossesse. Et finalement, aujourd'hui, avec ce dépistage anténatale, on a l'impression d'être tout puissant, de pouvoir tout éviter, tout soigner. Et me demander aussi pourquoi on a rendu si "obligatoire" ces échographies, vues qu'elles apportent plus de problèmes que de solutions ?

 

 

Expliquer combien j'ai été boulversée quand j'ai compris que ce droit de mettre un terme à la grossesse jusqu'au dernier moment, même s'il semblait choquant (un img à 36 semaines !) était finalement un bien. Car le médecin l'explique si bien : en Italie, on ne peut interrompre médicalement une grossesse jusqu'à 20 semaines. Au final on "tue" plus d'enfant sur la base du doute ...

 

 

Et puis poser cette question, en repensant à ce nouveau né de 25 semaines et 725 g "sauvé" par les médecins, à quel prix ? Pourquoi lui, parce qu'il est né, alors que son retard de développement intra-utérin aurait pu conduire à une IMG s'il n'était pas "sorti" du ventre de sa mère aussi tôt.

 

 

Mais je n'ai ni les mots, ni la réflexion et encore moins la connaissance suffisante pour y répondre. Alors je m'abstiens et je garde en suspens dans un coin de ma tête ces questions.

 

Je me contenterai de vous demander si, avec les échographies, les ammiocentèses, les scanners et les irm anté-nataux, nous n'aurions pas ouvert la boite de Pandore ? Et penser à tous ces parents qui ont été confrontés à la violence inouie de ce choix.

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Commentaires: 4
  • #1

    'Za (lundi, 26 avril 2010 08:53)

    Tout pareil...
    J'ai pas encore regardé "consultation in utéro", mais suite au reportage de naitre ou ne pas naitre j'étais un peu boulversée et pleine de questions.
    Je suis comme toi, je pense que je n'écrirais pas à ce propos car je n'arrive pas à trouver de réponses dans ma tête...
    En y réfléchissant je me dis que peut-être qu'il n'y a tout simplement pas de réponse, tellement chaque cas est différent.
    Pourtant je suis sure que certains personnes en raison de leurs convictions, dans un sens ou dans l'autre auraient des avis 100% pour ou 100% contre l'IMG...
    Maintenant quand on y pense avec du bon sens, quand on connait le milieu du handicap, les différents handicap, et ce qui interagit avec le handicap (puisque c'est jamais isolé... contexte social, ville ou campagne, parents? fratrie...etc) je ne pense pas qu'on puisse vraiment avoir un avis qui dise oui ou non, ou même oui pour tels cas et non pour tels cas...
    D'ailleurs quand on voit la collection de personnes qui se rassemblent pour en discuter dans "naitre ou ne pas naitre"... on voit bien que cela n'est jamais simple. Dans ce sens là, c'est pour ça que j'ai apprécié ce reportage, car finalement il n'adopte pas de position tranchée, il montre toute la complexité et le drame de ces choix.

    ...J'ai une pensée pour tous les parents qui y ont été confrontés...

  • #2

    christine (lundi, 26 avril 2010 19:49)

    100% d'accord aussi... même si je n'ai pas vu les reportages en question...

    Personnellement je crois que je serais contre l'IMG, dans mon cas à moi... mais je ne crois pas qu'on puisse se mettre à la place des parents confrontés à ce choix... simplement je crois que je préférerais avoir un enfant handicapé qu'un enfant mort (je sais, c'est glauque à dire comme ça, mais je vois pas trop comment le rendre moins glauque)...
    Et puis dans l'IMG il y a aussi le cas des parents à qui on annonce un diagnostic de mort pour leur enfant, par exemple pour les enfants anencéphales... certains parents n'ont alors qu'une envie, "en finir" au plus vite... même si là aussi, je crois que l'IMG n'est pas la solution pour tout le monde... j'ai fait un stage dans une asso qui aide des parents confrontés au deuil périnatal, et j'avais été frappée par deux livres que j'avais lu presque coup sur coup, l'un d'une famille qui avait accompagné leur bébé jusqu'à sa naissance, et à sa mort quelques minutes après, et qu'on sentait vraiment apaisés, et l'autre d'une maman qui avait choisi l'IMG et qui n'arrivait pas à faire son deuil... même si on ne peut pas généraliser sur deux histoires, je crois qu'il est difficile pour des parents, même quand leur enfant n'était pas viable, de devoir assumer le "choix" de l'IMG...
    Bref... je crois que c'est un des pires "choix" auquel puissent être confrontés des parents... sans compter qu'ils subissent souvent un pression énorme des médecins, et de la société...

  • #3

    sylvia72 (samedi, 01 mai 2010 00:42)

    C'est un choix, non pas un "choix", une "obligation" de décider, tellement personnelle, qui dépend de tellement de choses, qu'il est impossible d'avoir un avis tranché...
    Plein de bisous à tes deux petits bouts...

  • #4

    Hélène (lundi, 10 mai 2010 21:49)

    A la lecture de cette article, j'ai envie de te proposer de lire "l'enfant oublie" de JP Mattéi. Ce sont plein de petites histoires, qui soulèvent des problèmes de bioéthique. Quand je l'ai lu, j'étais encore jeune et pleine de certitudes et il m'a pas mal secoué ! Il permet bien je trouve de montrer toute la difficulté de certains choix !

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